Sunday, October 2, 2016

Externalités positives et négatives définition et exemples pour comprendre un concept clé de léconomie de lenvironnement


Avez-vous déjà entendu parler d'externalités ? Positives ou négatives (mais le plus souvent négatives, malheureusement), les externalités sont un concept clé dans l'analyse économique de l'environnement. De quoi s'agit-il ?

Qu'est-ce qu'une externalité ? Définition et exemples


Dans une économie de marché, les interactions entre les agents économiques (particuliers, entreprises...) font généralement l'objet d'une contrepartie monétaire : lorsque vous obtenez un bien ou un service d'un tiers vous le payez et si vous subissez un dommage vous recevez une compensation.
Il existe cependant des cas où cette contrepartie n'existe pas : un agent reçoit un avantage d'une autre agent sans payer en échange ou, à l'inverse, il subit un dommage sans que sa perte soit compensée. Dans les deux cas, les effets sont extérieurs au marché, c'est pourquoi on parle d'externalités.

Pour illustrer cette définition un peu abstraite, voici quelques exemples d'externalités positives et négatives :
  • Un apiculteur crée une externalité positive puisque ses abeilles pollinisent gratuitement les champs des agriculteurs voisins : un article publié en 2009 (pdf) a estimé la valeur de ce service à 153 milliards d'euros par an. Au contraire, les agriculteurs créent une externalité négative lorsqu'ils utilisent des traitement, notamment les insecticides néonicotinoïdes, qui déciment les colonies d'abeilles. 
  • Le commerce du tabac est une activité dont les externalités négatives (coûts des soins, pertes économiques liées aux décès prématurés...) sont aujourd'hui bien connues. Au terme d'une longue procédure judiciaire retardée par d'efficaces lobbies, les cigarettiers ont accepté de verser 200 milliards de dollars sur 25 ans pour financer les soins aux États-Unis ("Tobbaco Master Settlement" de 1998), on peut donc supposer que l'externalité se chiffre au moins à ce montant.
  • Les algues vertes qui apparaissent chaque année sur les côtes bretonnes sont une externalité négative de l'agriculture intensive : elles ont clairement un coût (ne serait-ce que celui du ramassage) mais ce coût n'est pas facturé au pollueur.
Energie et développement - exemple d'externalité négative la fumée d'une usine et les pollutions industrielles
La fumée a un coût pour les riverains et la société mais pas
pour l'entreprise qui l'émet : c'est une externalité négative
(tableau d'Eugène Bracht datant de 1905)
En fait une entreprise crée rarement des externalités positives, puisqu'elle est en général attentive à faire payer les services qu'elle rend. Alors qu'elle a tout intérêt à créer des externalités négatives si cela lui procure un avantage sans apparaître dans son bilan, et la victime de cette logique est bien souvent l'environnement : pollution, bruit, épuisement des sols, recul de la biodiversité, déchets...

"Internaliser les externalités", un principe de politique de l'environnement


Il existe trois manières de sortir de cette logique désastreuse :
  1. Encourager les entreprises à réduire volontairement leurs externalités négatives en adoptant des comportements vertueux, c'est le principe de la labellisation (agriculture biologique par exemple) ou de la certification ISO 14000,
  2. Interdire ou réglementer la production d'externalités négatives par exemple en imposant des normes de qualité ou en limitant les seuils d'émission autorisés pour certains polluants...
  3. Créer des mécanismes permettant de faire payer les externalités négatives à ceux qui les produisent donc en quelques sortes de "internaliser" les externalités.
Même si la politique de l'environnement continue à s'appuyer sur la réglementation et sur des démarches volontaires, l'internalisation des externalités négatives progresse depuis les années 1970. En France, elle a même été inscrite dans la Constitution en 2005 avec le principe pollueur-payeur (art. 4 de la Charte de l'environnement).
Cette internalisation peut être effectuée en taxant l'activité à l'origine des externalités mais aussi en créant des droits de propriété. En effet pour les économistes classiques, au premier desquels Ronald Coase, si l'environnement est dégradé c'est parce qu'il n'appartient à personne : si le sol, le sous-sol, les réserves de poissons ou l'air avaient un propriétaire celui-ci veillerait à ce que sa propriété soit utilisée de façon durable.


Les droits de propriétés, une approche qui plait à tous le monde (ou presque)


Du point de vue de ces économistes, attachés à l'idée que le marché permet d'atteindre des résultats optimaux, cette solution est évidemment la meilleure. Et elle ne manque pas non plus de charme pour les entreprises puisqu'elle crée un "business" autour d'une activité néfaste, ce qui semble -on en conviendra- préférable à une taxation ou à une interdiction pure et simple.
Enfin, la création de droit de propriété simplifie la vie de l'administration : il suffit de fixer un niveau de pollution acceptable et d'émettre les droits de propriété correspondant et les prix sont fixés directement par le marché (et donc réputés optimaux). Tout le monde est content.

Cette approche l'a donc largement emporté au cours des années 2000 débouchant sur une financiarisation de l'environnement avec, par exemple, la création de la "première bourse mondiale de l’environnement" (Bluenext) en 2007.
Ce succès n'a cependant pas été exempt de quelques complications (illustrées par exemple par les marchés du carbone), sans parler des questions éthiques qu'il soulève...

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